Année de diffusion : 2016
Descriptif du documentaire :
Comment vaincre une armée considérée comme l’une des plus puissantes du monde ? Les Fils de la Toussaint, à l’origine de l’insurrection contre la France en 1954, choisirent de pallier le déséquilibre militaire par une offensive diplomatique. Tandis que l’Etat français continue de ne voir dans le conflit algérien que des « opérations de maintien de l’ordre, des événements » et de considérer les maquisards de l’Armée de libération nationale (ALN) comme des criminels de droit commun, le FLN va s’évertuer à prouver qu’il s’agit bien d’une guerre, de deux belligérants, de deux armées qui s’affrontent.
Faire des prisonniers se révèle la pierre angulaire de sa stratégie pour conquérir l’indépendance du pays, pour se hisser au statut d’interlocuteur légitime. Une option délicate, tant la guérilla, qui suppose la mobilité, se conjugue mal avec la charge de prisonniers. Civils ou soldats, Français d’Algérie ou métropolitains deviennent alors l’enjeu d’un bras de fer qui se joue bien loin de la Kabylie ou des Aurès. Pas à pas, les représentants algériens s’activent auprès des institutions internationales pour faire connaître leur cause, valider leur « nouvel » Etat.
Nourri de l’ouvrage passionnant de l’historienne Raphaëlle Branche (1) , le film exhume la portée déterminante d’un arbitrage a priori infime au regard d’une guerre de libération nationale : le choix de faire des prisonniers. Etayé de témoignages de protagonistes de l’époque, il en montre toutes les conséquences, y compris la fin de la IVe République.
Mais, au-delà du versant stratégique et politique, le documentaire éclaire les terribles conditions de détention de ces oubliés de l’Histoire, les marches épuisantes, les tortures, les exécutions, parfois. Emaillé de leurs propos, d’archives inédites, il montre enfin combien ils demeurent « la mauvaise conscience de la France ».
Qualifiés de « disparus » pendant le conflit, les captifs des maquis n’ont toujours pas obtenu le statut de prisonniers de guerre. — Marie Cailletet