Année de diffusion : 2017
Descriptif du documentaire :
Président à tout prix : Enquête sur les millions de la campagne. Le reporter Stéphane Girard, déjà auteur de deux enquêtes épluchant les finances du Sénat puis de l’Assemblée nationale, se penche, cette fois-ci, sur les comptes de campagne des cinq principaux candidats à la magistrature suprême en 2017.
Trois jours après l’élection du nouveau président de la République, Pièces à conviction lève le voile sur les secrets du financement de la campagne présidentielle de 2017. Six mois d’une enquête délicate dans les coulisses des QG de campagne et des meetings. Comment les deux finalistes, Emmanuel Macron ou Marine Le Pen, ont-ils financé leur campagne ?
Et les autres candidats qui n’ont pas dépassé le premier tour ? D’où vient l’argent ? Qui a fait des dons, sachant que les candidats s’appuient sur un financement privé, provenant en majorité des partis, mais aussi de personnes privées ? Qui a signé les chèques et négocié les dépenses ?
Depuis 1988, plusieurs lois ont été votées pour encadrer le financement des campagnes électorales : Plafonnement des dépenses, encadrement des ressources, contribution de l’Etat aux dépenses…, le tout étant vérifié par la Commission Nationale des Comptes de Campagne et des Financements Politiques, le CNCCFP. L’argent, un sujet crucial, mais tabou ? En ces temps de “soi-disant transparence”, les questions d’argent continuent de déranger, surtout chez les deux finalistes :
Le camp Macron s’est montré plutôt réservé, l’équipe Le Pen également. Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon ont plus volontiers ouvert leurs portes. L’enquête de Pièces à conviction révèle aussi comment l’argent a été crucial dans le maintien de la candidature de François Fillon.
Emilie Gavoille écrit : Dès le lancement d’En marche !, en avril 2016, les équipes du magazine se sont mises dans les pas du candidat Macron en s’efforçant tout particulièrement de rendre compte de ses déplacements à Londres, et de ses rencontres avec une communauté d’entrepreneurs et de banquiers expatriés susceptibles de mettre la main à la poche pour contribuer aux frais de la campagne.
Lever des fonds, la démarche est essentielle pour le camp Macron : Fraîchement constitué, sans élus sous sa bannière, le mouvement ne dispose pas, à l’inverse des partis politiques présents au Parlement, de subventions publiques. Côté trésorerie, tout reste donc à faire…
Flirter avec les limites de la légalité… En avril 2016, Paris-Match publie une brève qui met le feu aux poudres. Selon l’hebdomadaire, celui qui est alors encore ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, aurait déjà récolté l’équivalent de 12,75 millions d’euros. Interpellé dans l’Hémicycle par le député LR du Rhône Georges Fenech, qui plaide l’abus de fonction ministérielle et le conflit d’intérêt, le Premier ministre Manuel Valls se charge, chose rare, de répondre. Or, organiser des levées de fonds pour sa propre formation quand on est ministre, c’est flirter de très près avec les limites de la légalité. Dans l’entourage du candidat, on s’en défend ! Bien-sûr !
Au micro du journaliste Stéphane Girard, Christian Dargnat, président de l’association de financement d’En marche !, s’il concède avoir essayé de lever des fonds, affirme que ce fut sans succès, puis assure que les chèques reçus lors des meetings n’ont été encaissés qu’après le départ d’Emmanuel Macron de Bercy. Ce sera à la commission nationale des comptes de campagne dirigée par François Logerot, l’homme qui a invalidé les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, rappelle Pièces à conviction, de trancher une bonne fois pour toute la question…
Cagnotte rondelette… S’il ne s’appesantit guère sur les moyens de campagne confortables de Benoît Hamon (15 millions d’euros essentiellement financés par le Parti Socialiste), pas plus que sur le fonctionnement très contributif prévalant au sein de La France Insoumise, le reportage est en revanche plus disert sur ceux de François Fillon, lequel, outre les subventions publiques dont bénéficie son parti, outre les cotisations des adhérents, outre les dons des militants, a pu compter sur la cagnotte sacrément rondelette de 10 millions d’euros ! constituée lors de l’organisation des primaires de la droite et du centre et mise à disposition du vainqueur du scrutin.
Un magot déjà empoché par François Fillon quand éclate, en janvier 2017, le “Penelope Gate”. On comprend mieux, dès lors, les longs et multiples atermoiements au sein des Républicains quant à une éventuelle substitution du candidat désigné par un autre : retirer l’investiture à François Fillon, c’était renoncer aux 10 millions d’euros engrangés lors de la primaire. Commentaire laconique, et gentiment euphémique, de Daniel Fasquelle, trésorier de LR…
Autre volet particulièrement marquant du sujet, celui sur les mécaniques de financement de campagnes à l’œuvre au sein du Front national.
Elu en mars 2015 dans le Var sous l’étiquette FN, Damien Guttierez, désormais exclu du parti, raconte, documents à l’appui, le commerce des investitures, des kits de campagne et des crédits à taux usuriers instauré par le micro-parti de Marine Le Pen lors des élections locales. Ce business juteux, qui implique le remboursement des frais de campagne par les pouvoirs publics quand les candidats ont recueilli plus de 5 % des suffrages, aurait rapporté en quelques années près d’un million d’euros à la structure, note le commissaire aux comptes François Duval.
Fidèle d’entre les fidèles de la famille Le Pen, Lorrain de Saint-Affrique rappelle, lui, le rôle joué par Cotélec, micro-parti richement doté à la solde du patriarche Jean-Marie. Pour financer sa campagne présidentielle, Marine Le Pen a ainsi emprunté 6 millions d’euros à Cotélec. “Sans son père, elle n’aurait rien pu faire, d’une manière générale”, conclut Lorrain de Saint-Affrique.
Le reportage est suivi d’un débat animé par Virna Sacchi, qui reçoit Jérôme Lavrilleux, député européen, directeur adjoint de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012, et Eva Joly, députée européenne, candidate à l’élection présidentielle de 2012…