Année de diffusion : 2016
Descriptif du documentaire :
L’amour, peut-on mesurer scientifiquement les sentiments ?. Nos émotions peuvent-elles être décodées ? C’est la question que s’est posée Luise Wagner, réalisatrice d’un documentaire diffusé samedi 15 octobre 2016 sur Arte. Elle s’intéresse notamment aux algorithmes qui envahissent nos vies pour tenter de mesurer nos sentiments. De Los Angeles à Boston en passant par Berlin, des chercheurs passent en revue les incursions technologiques dans le domaine des sentiments.
L’empathie simulée
Des scientifiques américains ont mis au point des avatars réalistes capables d’interagir avec des personnes et d’analyser leurs réactions. Dans le film, on découvre un psychologue et son patient, un vétéran de guerre qui souffre d’un syndrome de stress post-traumatique. Objectif : le faire discuter avec un avatar ultra réaliste. La séance est impressionnante. L’ex-combattant se livre petit à petit, raconte ses traumatismes, confiant même à l’issue de l’expérience : “Cela a été plus facile que prévu, les questions étaient très directes et je me sentais obligé de lui répondre”. “Je lui en ai plus dit en 30 minutes que pendant toutes les autres séances”, ajoute-t-il.
Le logiciel enregistre même la posture, les mouvements du visage et les intonations de la voix du patient pour adapter le langage corporel de l’avatar et créer une impression d’empathie. Autre exemple : le laboratoire des médias du MIT présente des lunettes intelligentes capables de décrypter nos émotions en temps réel, accompagnées d’un bracelet muni de capteurs enregistrant la quantité de sueur émise par la peau afin d’évaluer notre degré de nervosité.
Encore ailleurs, à Lisbonne, des chercheurs allemands travaillent sur l’empathie du petit robot Nao pour en faire un professeur. Celui-ci doit identifier si les élèves ressentent de l’ennui ou de l’intérêt afin de réagir en conséquence.
Mais tout cela est-il réellement souhaitable ? Le documentaire allemand présente ainsi diverses initiatives scientifiques qui ne manqueront pas de susciter le questionnement et d’imposer un recul bien nécessaire. Quel est donc le pouvoir de nos émotions dans l’univers numérique ? A qui profite l’analyse de nos émotions ? Comme l’explique le journaliste scientifique Ulrich Schnabel, “les progrès dans ce domaine sont impressionnants et même fascinants”.
Mais attention : “Une machine ne fait que simuler de l’empathie. Si nous ne savons plus distinguer cela de l’empathie véritable, alors nous risquons de devenir nous-mêmes des machines”.