Année de diffusion : 2012
Descriptif du documentaire :
La fabuleuse machine d’Anticythère. Une mystérieuse machine, découverte près de l’île d’Anticythère, nous livre ses secrets. Il s’agit du premier calculateur analogique permettant de calculer des positions astronomiques. Les connaissances en astronomie, ainsi que la maitrise de calculs mathématiques extrêmement complexes nécessaires à sa conception, font indiscutablement des grecs antiques les pères de nos technologies modernes.
En 1900, deux caïques de pêcheurs d’éponge grecs (au scaphandre) de Symi, l’Euterpe et la Calliope, découvrent l’épave d’une galère romaine, longue d’une trentaine de mètres, datée d’avant 87 av. J.-C. gisant par 62 mètres de fond environ. On considère que la découverte de la machine à proprement parler date du 17 mai 1902 quand l’archéologue Valerios Stais s’aperçoit qu’un agglomérat rapporté du site recèle des inscriptions et des engrenages incrustés. Un examen révèle qu’il s’agit d’un mécanisme oxydé, dont il reste trois morceaux importants et 82 fragments plus petits.
Dès 1905, le philologue allemand Albert Rehm comprend qu’il s’agit d’un calculateur astronomique. Le soin et l’adresse avec lesquels cette machine fut réalisée, ainsi que les capacités nécessaires en mécanique et en astronomie remettent en question les connaissances historiques sur les sciences grecques. En effet, aucun objet de même âge et de même complexité n’était connu dans le monde et il faut attendre près d’un millénaire pour voir apparaître des technologies comparables. Ce mécanisme de bronze comprend des dizaines de roues dentées, solidaires et disposées sur plusieurs plans.
Il est garni de nombreuses inscriptions grecques. On y trouve également des engrenages différentiels d’un niveau de perfectionnement incroyable: les leviers centraux de la machine d’Anticythère étaient actionnés à la façon de la transmission d’une boite de vitesse d’automobile moderne, on croyait ne les avoir inventées qu’au 20e siècle ! Dans la machine d’Anticythère, il y a même une technologie inconnue de la mécanique horlogère contemporaine: certains engrenages sont épicycloïdaux, avec un centre de rotation mobile, et non fixe.
Ainsi, quand les engrenages tournent, la distance entre leurs centres s’allonge ou raccourcit, obligeant les dents à mettre plus ou moins de temps à venir chercher les autres dents, ce qui ralentit ou accélère le système pour tenir compte des variations de vitesse de la trajectoire de certains astres! Autrement dit, les concepteurs du mécanisme avaient réussi à traduire en rouages non linéaires des équations différentielles d’une singulière complexité. Une ingénierie épicycloïde d’une incroyable modernité. La machine fait des corrections de 1 jour tous les 76 ans, soit 0,12 seconde par jour.
C’est beaucoup plus précis qu’une montre mécanique moderne. Les astronomes de cette époque ne savaient pas que ces variations de vitesse des astres sur leurs orbites étaient dues à leurs trajectoires elliptiques. Croyant que ces trajectoires étaient des cercles parfaits, ils tenaient cependant compte de ces variations avec une grande précision en postulant que les astres décrivaient de petits cercles tout en orbitant. C’est la théorie des épicycles, appliquée par la machine, elle permet de faire des prévisions exactes et fidèles aux mesures des vitesses apparentes des astres !