Année de diffusion : 2015
Descriptif du documentaire :
Du printemps 2014 à l’été 2015, Anthony Butts a filmé, au plus près d’une poignée de combattants et d’activistes de la première heure, la sécession en Ukraine de la République autoproclamée de Donetsk et sa lente dérive vers la guerre, après l’euphorie de la prise de pouvoir. Ces hommes, en révolte contre le gouvernement intérimaire de Kiev, issu du mouvement de «Maïdan», luttent de toutes leurs forces.
Pour la majorité des russophones du Donbass, bassin industriel en déshérence, la chute de l’URSS reste synonyme de pauvreté et d’humiliation. Une immersion saisissante dans la réalité de la guerre civile, sur fond de bras de fer entre l’Europe et la Russie.
Critique journaliste
Plus d’un an durant, le journaliste britannique Anthony Butts a filmé, au plus près, les sécessionnistes de la République autoproclamée de Donetsk, dans l’est de l’Ukraine. Deux mois plus tôt, à Kiev, la capitale, la révolution de Maïdan a chassé du pouvoir le président Ianoukovitch, un oligarque proche du Kremlin. En guise de représailles, Poutine a annexé la Crimée. Au printemps 2014, la tentation séparatiste s’étend donc à la région du Donbass, bassin minier sinistré dont la population est majoritairement russophone.
Littéralement incorporé dans les rangs des miliciens pro-russes et adoubé par les activistes politiques, Butts capte, visiblement sans restrictions, les coulisses d’un Etat en construction. Nostalgiques de l’Union soviétique fragilisés par un chômage endémique, apparatchiks du PC qui entendent en finir avec la corruption et promettent une révolution sociale côtoient, dans un climat hystérisé par le nationalisme, des soudards armés, appâtés par les prébendes généreusement distribuées par Moscou.
Peu à peu s’esquissent les fractures entre les diverses factions, les divergences qui se règlent à coups de mises à l’écart brutales et d’assassinats. A l’euphorie de la prise de pouvoir succède, pour beaucoup, l’amère désillusion d’avoir enfanté un régime de terreur aux mains d’un ancien escroc, Denis Pouchiline.
Rarement immersion aura permis de saisir aussi justement les convulsions à l’oeuvre au coeur d’une guerre civile. Au fil de séquences parfois âpres, Butts pointe avec fulgurance la violence des nouveaux maîtres. Met au jour leur concussion, la mainmise russe sur le « processus révolutionnaire », l’impasse dans laquelle s’est fourvoyée la République populaire, toujours minée par une guerre larvée. Un film à ne pas rater.