Année de diffusion : 2021
Descriptif du documentaire :
« Prisonniers des Vikings » : la saga d’un frère et d’une sœur irlandais, esclaves. Tirée d’un récit authentique, l’épopée de Findan et Melkorka ramène au IXe siècle dans le nord de l’Europe.
Province de Leinster, en Irlande, IXe siècle. Findan (803-878, environ) est un jeune homme bien éduqué de la petite aristocratie guerrière, dont la vie bascule lors de l’enlèvement de sa sœur par des Vikings. Sa quête pour la retrouver va l’entraîner des rives de l’Islande au monastère de Rheinau en Suisse, en passant par les îles Orcades, au nord de l’Ecosse, et Rome. Son histoire, héroïque et palpitante, lui valut d’être élevé au rang de bienheureux par l’Eglise. Un siècle plus tard, un moine rédigeait sa biographie.
Une copie de cette Vita sancti Findani est actuellement conservée à la bibliothèque de Saint-Gall, en Suisse. Le texte, l’un des rares sur cette période à être considéré comme authentique par la communauté scientifique, sert de matériau de base au documentaire Prisonniers des Vikings.
A ce récit s’ajoute celui – beaucoup plus incertain – de la sœur de Findan. En effet, si les historiens sont convaincus de son existence, la biographie de saint Findan ne la mentionne pas. Sa destinée a donc été imaginée ici à partir de la médiévale Saga des gens du Val-au-Saumon, un des grands récits qui composent les Sagas des Islandais, qui a la particularité de mettre en scène une Irlandaise, Melkorka, qui a « beaucoup de points communs avec la sœur de Findam », assure l’archéologue Torun Zachrisson.
En croisant ces deux textes, le film développe un aspect méconnu de l’expansionnisme viking : la mise au point d’un lucratif commerce d’esclaves. Celui-ci prend sa source dans le nord de l’Europe, de l’Islande jusqu’à la Russie (l’occasion de rappeler que le mot « esclave » dérive de « slave ») – à destination de Bagdad et des pays arabes, en passant par Constantinople, plaque tournante du trafic.
Détails surprenants
« C’est un petit matin comme les autres… » Après les explications préliminaires sur les sources et leur véracité, le documentaire se regarde comme un film d’aventure, les reconstitutions « augmentées » étant particulièrement bien filmées et intégrées au récit. Même si une ou deux séquences semblent « raccrochées » de façon un peu artificielle, les visites virtuelles de grands sites vikings séduisent.
Suivre ces deux « héros » permet de retracer ce commerce d’êtres humains des îles Orcades à Dublin, jusqu’à l’actuelle Irlande du Nord, où prospéra vraisemblablement un des plus grands comptoirs d’esclaves d’Europe. Chaque hypothèse s’appuie sur une découverte récente, comme celle d’un bateau-tombe retrouvé en 2018 en Norvège ou encore la dépouille d’un Viking de haut rang exhumé près du squelette d’une jeune femme au crâne fracassé, dans un tumulus sur l’île de Man, qui suggère l’existence de sacrifices d’esclaves.
Des archéologues et historiens spécialistes de la civilisation scandinave donnent de nombreux éléments sur les conditions de vie des esclaves vikings, avec quelques détails surprenants : on apprend ainsi qu’ils pouvaient grimper des échelons, s’affranchir, voire administrer une région.
Le sort des femmes esclaves apparaît moins enviable, même si certaines avaient la « chance » d’être achetées pour être épousées. Ce serait le cas de Melkorka, qui aurait ainsi rejoint le foyer de son maître-mari en Islande, offrant au passage une séquence passionnante, mais trop brève, sur la colonisation viking de cette île aux spectaculaires et surprenants paysages.
Prisonniers des Vikings, un documentaire de Stefan Ludwig