Année de diffusion : 2014
Descriptif du documentaire :
L’île aux serpents. Jusqu’au milieu du XXe siècle, l’île de Guam, possession américaine dans le Pacifique nord, était une sorte de jardin d’Eden. Et puis, comme à chaque fois qu’on parle d’Eden, les choses se sont gâtées à cause d’un serpent. Nommé Boiga irregularis, ce grand reptile brun arboricole est probablement arrivé comme passager clandestin d’un cargo.
S’il n’existait sur l’île aucun prédateur pour réguler la population de ce reptile, ce dernier n’avait, lui, que l’embarras du choix pour ses proies. Boiga irregularis s’est gavé de lézards et de chauves-souris sans oublier les oiseaux dont il a conduit plusieurs espèces au cimetière. L’animal a tant prospéré que l’île compte environ 2 millions d’individus et plus de 50 à l’hectare par endroits.
Introduit par mégarde, le reptile a détruit la biodiversité de l’île, dévorant oiseaux, lézards et autres chauves-souris.
C’est l’heure du déjeuner sur la base militaire Andersen, qui occupe presque un tiers de cette île tropicale de Guam, dans le nord-ouest du Pacifique. Durant la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis reprirent aux Japonais ce territoire qui leur appartenait depuis la fin du XIXe siècle. Une fois leur repas terminé, les employés chamorros, dont les ancêtres d’origine asiatique furent les premiers à peupler cette île, reprennent le travail.
Il s’agit de farcir des centaines de souris blanches congelées, posées en paquet sur un coin de la table, avec des comprimés de paracétamol. Ce procédé insolite permet de lutter contre un animal qui a envahi l’île en seulement quelques décennies : le serpent brun arboricole (Boiga irregularis), un semi-constricteur dont le venin ne présente pas de danger pour un adulte en bonne santé, mais dont l’appétit s’avère fatal pour la biodiversité de Guam, car lui-même n’y a aucun prédateur.
Introduit par mégarde, sans doute dans un cargo en provenance des îles Salomon ou de Papouasie-Nouvelle-Guinée, vers la fin des années 1940, ce serpent aux écailles brunes et au ventre jaunâtre qui peut atteindre 2 mètres de long a déjà anéanti dix des treize espèces endémiques d’oiseaux, trois espèces endémiques de lézards et plusieurs sortes de chauves-souris. Dans les taillis de Guam règne le silence.
Il n’y a pratiquement plus aucun oiseau, puisque le reptile, qui vit dans les arbres, a dévoré depuis longtemps tous les œufs que les mères, sans aucune expérience des prédateurs, laissaient à sa portée, dans les nids. Boiga irregularis s’est rabattu ensuite sur les lézards et les petits rongeurs, un changement de régime alimentaire qui n’a pas affecté sa santé : il y en a maintenant 2 millions au bas mot, pour 175 000 humains sur un territoire long de 48 km et large de 14 km.
Une équipe du Centre américain de recherche sur la vie sauvage a mené des essais de parachutages… de souris empoisonnées au paracétamol, mortel pour ces serpents à faible dose
Si la bestiole n’est pas assez venimeuse pour tuer un humain adulte en bonne santé, elle peut en revanche mettre en danger la vie d’un enfant.
Elle a aussi la détestable habitude d’endommager les installations électriques, ce qui se traduit par des coupures fréquentes et des réparations dont le montant se chiffre chaque année en millions de dollars. Enfin, Guam étant un nœud du trafic aérien et maritime dans le Pacifique, le risque n’est pas nul que le serpent joue de nouveau au passager clandestin et s’embarque pour un autre Eden comme Hawaï. Il faut donc désormais inspecter les soutes avec des chiens…
Depuis deux décennies, l’île tente de s’attaquer à l’intrus avec des campagnes de piégeages, voire de prélèvements à la main. Mais ces méthodes atteignent vite leurs limites dès qu’on s’attaque à des terrains accidentés, difficiles d’accès par la voie terrestre. Reste la voie des airs…