Année de diffusion : 2013
Descriptif du documentaire :
Ivan le Terrible, les 5 raisons de son surnom
Le 16 janvier 1547 le grand prince de Moscou Ivan IV se fait sacrer tsar. Ce souverain réformateur, qui modernise la Russie, est aussi tristement connu en raison de sa cruauté et des nombreuses atrocités qu‘il commet durant son règne.
Un monstre de cruauté. Il y a 470 ans Ivan IV se faisait proclamer grand prince et tsar de toutes les Russies. Il est le fondateur de la Russie moderne, mais aussi le souverain qui fit régner la terreur. À la suite d’une erreur de traduction («grozny» signifie redoutable, dans le sens de puissance), il est surnommé le Terrible. Voici cinq raisons qui expliquent pourquoi ce qualificatif lui a été attribué.
1- Une répression de masse, motivée par la soif de vengeance et la paranoïa des complots
À 3 ans le jeune Ivan est orphelin de père, puis à 8 ans de mère. Il est alors à la merci des boyards, les seigneurs de la haute noblesse russe, qui gouvernent, se querellent et s’éliminent violemment. Mais surtout les nobles font de son enfance un enfer. Humilié, battu, il vit également dans la crainte constante d’être assassiné à tout moment. Aussi durant tout son règne, habité par une rancune et une haine à l’égard des boyards, il cherche à les éliminer.
Sous prétexte de complot, de trahison, avérée ou imaginée, il inflige des jugements cruels et iniques: disgrâce ou exil, assassinat, supplice, emprisonnement, expropriation. Des centaines de hauts dignitaires sont concernés par ses violences mais aussi leur famille et entourage (décapités à la hâche, empalés, enfermés dans des monastères, exilés…). Des exécutions de masse sont ordonnées. Ainsi en 1570, Ivan IV fait massacrer les habitants de la ville de Novogorod-la-grande, soupçonnés de trahison avec le roi de Pologne Sigismond Auguste.
2- L’instauration de l’Opritchnina, un royaume de terreur
Début janvier 1565 le tsar institue l’Opritchnina, un royaume sur lequel il a un pouvoir absolu. Il s’agit d’un territoire qu’il s’octroie en expropriant les familles de boyards propriétaires, lesquelles sont repoussées sur des terres plus lointaines et pauvres. Il provoque ainsi un vaste exil des familles aristocratiques. Ivan IV s’appuie alors sur les opritchniks, choisis parmi la petite noblesse, qui reçoivent les terres confisquées et agissent comme des mercenaires au nom du tsar.
Pendant sept années- jusqu’à la dissolution en 1572 de cette «milice»- ils massacrent, terrorisent, saignent le peuple, ruinent et ravagent une partie de la Russie, en toute impunité. Ce nouveau régime est à nouveau l’occasion pour Ivan le Terrible de faire périr ou emprisonnés de nombreux boyards.
3- Un homme capable d’une grande inventivité dans les supplices, et d’un raffinement dans la cruauté
Dans les prisons que le tsar a installé dans sa résidence d’Alexandrova Sloboda, à 80 km au nord-est de Moscou, les bourreaux utilisent le fouet (knout), le pal, des aiguilles, tenailles, des charbons ardents, la corde (qui sectionne le corps par frottement). Mais Ivan IV cherche constamment de nouveaux supplices et instruments de tortures. Ainsi il fait installer d’énormes chaudrons remplis d’eau bouillante et d’eau glacée, dans lesquels il fait plonger alternativement les malheureuses victimes, jusqu’à ce que leur peau parte en lambeaux. En 1581, il torture son médecin et fournisseur en poison, Elisée Bomelius, en le faisant rôtir, ficelé sur une broche de bois.
Cette même année, il lâche des ours sauvages sur des moines, enfermés dans une cour entourée de hautes murailles, munis d’un chapelet et d’un pieu pour leur défense. Autre raffinement particulièrement pervers: il est capable d’obliger en prison un fils à tuer son propre père pour avoir la vie sauve, ou un frère à poignarder son frère, puis les condamne à mort pour parricide ou fratricide.
4- Son pardon n’est jamais définitif
Si Ivan peut parfois se montrer clément et accorder son pardon, ce dernier n’est jamais totalement donné ou acquis. Comme il n’oublie rien des offenses ou trahisons, sa vengeance peut en définitive tomber des années après les faits reprochés. C’est précisément ce qu’il advient à son cousin Vladimir Andréïévitch, qui conspira en mars 1553 au moment où le monarque très malade, était jugé perdu. Pour son malheur le souffrant se rétablit. Et seize ans plus tard à la mort de la tsarine Marie, Ivan décide de se venger, en accusant son parent d’avoir empoisonné son épouse. «Le coupable», sa femme et ses enfants sont contraints de boire un poison supposé être celui administré à sa défunte femme.
5- Son baton ferré, arme qui fait de lui un infanticide
Ivan IV possède un long baton de bois, avec une pointe d’acier, avec lequel il frappe les gens quand la colère le prend, tantôt blessant la personne en regardant couler le sang, tantôt si rudement que la personne décède. En novembre 1581 le tsar se querelle avec son fils, soit sur la guerre de Livonie, soit sur les coups qu’il a portés à sa bru enceinte, en raison d’une tenue jugée indécente.
Dans un accès de rage, il frappe alors violemment le tsarévitch de son baton ferré, sur les épaules et à la tête. Touché à la tempe, le jeune homme de vingt-sept ans, s’ecroule au sol. Il agonise pendant quelques jours et meurt le 19 novembre. Ivan devient infanticide et l’assassin de l’héritier au trône de Russie, ce fils aimé avec lequel il partageait le spectacle de la souffrance humaine lors des supplices.
Lorsqu’Ivan le Terrible meurt le 18 mars 1584, et que son fils Fédor, simple d’esprit, monte sur le trône, une page violente de l’histoire de la Russie se tourne alors. Mais d’autres suivront bientôt avec le Temps des Troubles.