Année de diffusion : 2013
Descriptif du documentaire :
Le flic cannibale. Gilberto Valle, officier de la police de New York, a été condamné en mars 2013 pour avoir eu l’intention de kidnapper et de manger des femmes. Valle a protesté en arguant que ce n’était qu’un fantasme, mais la plaidoirie du procureur a convaincu les jurés. Cette histoire a fait la une des journaux mais a également marqué un tournant : une personne peut être condamnée pour ses intentions dangereuses, sans passer à l’acte et uniquement sur la base de ses recherches sur le Web.
Presse du 1er juillet 1994 :
Un ancien policier new-yorkais, reconnu coupable l’an dernier d’avoir voulu enlever des femmes pour les tuer et les manger, a été libéré aujourd’hui, après qu’un juge eut cassé sa condamnation en soulignant qu’il n’était jamais passé à l’acte. Gilberto Valle, 30 ans, dont la peine n’avait pas encore été prononcée et qui a passé 21 mois en prison, risquait la réclusion à perpétuité.
Surnommé le “flic cannibale” par les tabloïds new-yorkais, il avait été reconnu coupable en mars 2013 par un jury populaire de complot d’enlèvement, au terme d’un procès de deux mois particulièrement scabreux, où rien n’avait été épargné aux jurés des fantasmes de viol et de cannibalisme de l’accusé. Valle était coutumier d’un site spécialisé, montrant des scènes de torture et cuisson de femmes, apparemment simulées.
Avec d’autres abonnés au site, il parlait en détails de ses fantasmes de viol et torture, et sollicitait avis et conseils. Dans certains mails, il mettait sa femme en scène comme victime, dans d’autres il fixait à 5.000 dollars son tarif pour enlever une jeune femme identifiée, ou racontait comment il voulait en cuire une autre au four vivante.
Il avait élaboré une liste précise de victimes potentielles, échangeait des photos d’elles avec ses interlocuteurs, et avait même fait des recherches les concernant dans les fichiers de la police, ce qui lui a valu d’être également reconnu coupable d’utilisation illicite d’une base de données. Mais dans une décision de 118 pages, le juge Gardephe a souligné que “personne n’a jamais été enlevé, il n’y a jamais eu de tentative d’enlèvement, ou aucune démarche dans le monde réel, hors internet, pour kidnapper qui que ce soit”.
Suivi psychologique
“En dépit de la nature hautement dérangeante de ses intérêts sexuels déviants et dépravés, ses conversations et emails sur ces intérêts ne sont pas suffisants pour en faire un complot d’enlèvement”, a écrit le juge. “Dans les circonstances uniques de cette affaire extraordinaire (…) les éléments offerts par le gouvernement lors du procès ne suffisent pas à démontrer au-delà d’un doute raisonnable que Valle avait passé un réel accord pour enlever une femme, ou en avait vraiment l’intention”.
Les procureurs ont annoncé dans une audience mardi qu’ils feraient appel de sa décision. En attendant, le juge a ordonné la libération de Valle contre 100.000 dollars, son assignation à résidence dans sa famille dans le quartier du Queens à New York, avec surveillance GPS et suivi psychologique. Il lui a aussi interdit tout accès à un ordinateur ou à internet, et Valle ne doit pas quitter la ville.
Ses avocats, qui lui ont chaleureusement tapé sur le dos après l’annonce de sa libération, effective en début d’après-midi, se sont dits “ravis”. “La décision du juge Gardephe confirme ce que nous avons dit depuis le début, il n’y a pas de crime. Il n’est coupable de rien d’autre que de pensées très peu conventionnelles (…). Mais on ne met pas les gens en prison pour leurs pensées”, a déclaré son avocate Julia Gatto au sortir de l’audience. “Le gouvernement ne doit pas être dans nos têtes”, a-t-elle ajouté.
Durant le procès, un jeune policier du FBI avait expliqué avoir découvert sur l’ordinateur du policier des centaines de pages téléchargées sur internet sur le viol, la torture et le cannibalisme et des milliers de courriels. Valle est une “personne sadique” prête à passer à l’acte, avait assuré le procureur Randall Jackson.
C’est sa femme qui l’avait dénoncé, après avoir découvert dans son ordinateur des photos et messages dérangeants. Elle avait témoigné à charge au procès et a depuis divorcé. Valle, qui a également perdu son travail de policier, reste coupable d’avoir accédé illégalement à des fichiers de la police. Ce deuxième chef d’accusation est passible d’une peine maximale d’un an de prison.