Année de diffusion : 2014
Descriptif du documentaire :
Des banlieues de Paris, de Douchy-les-Mines en passant par Rouen, ils sont six, âgés de 21 à 31 ans, à se livrer dans le joli documentaire
«En cité, tu parles pas d’amour, tout se passe en cachette !» lance en rigolant Trésor, 31 ans. Face à la caméra, casquette sur la tête, cette grande baraque tatouée se confie sur sa vie amoureuse. Raconte son premier baiser, ses premières relations. Et décrypte surtout comment on apprend à aimer en grandissant dans les quartiers. Car si l’amour y est tout aussi présent qu’ailleurs, ce sentiment reste «un sujet tabou». Et les codes de la relation sont différents. «Limite, quand tu tiens la main d’une fille, c’est un attentat à la pudeur !» lâche Trésor.
Des banlieues de Paris, de Douchy-les-Mines en passant par Rouen, ils sont six, âgés de 21 à 31 ans, ayant tous grandi à l’ombre des tours, à se livrer dans le joli documentaire l’Amour en cité, diffusé ce lundi soir sur France 4. Comment vivre une histoire d’amour au grand jour quand on joue au gros dur, à la caillera du quartier ?
Comment concilier une vie amoureuse avec les cultures, les traditions de son milieu ? Pas de commentaires, ni d’interviews. Les auteurs et réalisateurs Maïram Guissé et Ruddy Williams Kabuiki s’effacent face aux parcours amoureux de Trésor, Ali, Jacky, Farah, Sofiane et Julie. Qui se racontent avec sincérité et beaucoup d’humour. Leurs confidences sont seulement entrecoupées de diverses scènes dansées, comme pour manifester ce qu’ils ont parfois du mal à exprimer.
Car la pudeur est omniprésente dans la cité. C’est elle qui empêche toute effusion d’affection et coupe court à toute discussion intime. Jacky raconte qu’elle a dû toucher «trois fois» sa mère dans sa vie, et même qu’«entre filles, on se checkait» pour éviter de se faire la bise. Tous ont aimé une ou un autre qui n’était pas de leur religion, de leur couleur de peau, de leur communauté.
Et tous décrivent les difficultés, les doutes, «peut-être que je devrais me trouver une semblable ?» et les blocages que cela a pu entraîner au sein de leur famille. Comme Ali, d’origine malienne, amoureux d’une «blanche» et qui redoute de l’annoncer à son père : «Le papa, c’est un peu comme le boss dans Street Fighter, tu vas le voir à la fin.» Ou Sofiane, dont les parents sont au courant de son homosexualité mais n’en parlent jamais. A travers leurs témoignages se dessine surtout l’envie de faire bouger ces codes rigides avec lesquels ils ont dû composer.