Année de diffusion : 2011
Descriptif du documentaire :
Fusillés pour l’exemple. « CETTE GUERRE, ON NE SAVAIT PAS POURQUOI ON LA FAISAIT, ON SE BATTAIT CONTRE DES GENS COMME NOUS… TOUTE DÉSOBÉISSANCE MENAIT DE VERDUN À CAYENNE… AU PIRE, AU PELOTON D’EXÉCUTION. »Lazare PONTICELLI, dernier poilu de la Grande Guerre (1897-2008).
« Adieu la vie, adieu l’amour, adieu toutes les femmes, c’est bien fini, c’est pour toujours, c’est à Craonne sur le plateau qu’on doit laisser sa peau… » La chanson de Craonne dont l’auteur demeure inconnu fut interdite jusqu’en 1972 pour atteinte au moral des armées. Elle oppose les « vivelots » (civils protégés) aux « purotins » (fantassins exposés).Il n’y est pas question de mutinerie mais de lassitude. Au printemps de 1917, elle exprime le sentiment général d’être sacrifié inutilement. Les soldats n’en peuvent plus. Ce ne sont pas des pacifistes ou des politiques, pas plus que des objecteurs de conscience dont le statut n’existe pas encore. Ils souhaitent simplement de meilleures conditions de vie dans les tranchées et ne plus mourir vainement.
Le 11 novembre 1998 lors des cérémonies du 80 ème anniversaire de l’armistice à Craonne (Aisne), Lionel JOSPIN alors Premier Ministre avait souhaité que « les soldats fusillés pour l’exemple, victimes dune discipline dont la rigueur n’avait d’égale que la dureté des combats, réintègrent notre mémoire collective nationale ». En pleine cohabitation, l’initiative avait déplu au Président Jacques CHIRAC. Il faudra attendre dix ans pour que la réhabilitation des 675 fusillés pour l’exemple sous l’uniforme français soit à nouveau évoquée et cette fois au plus haut niveau de l’État.
Le 11 novembre 2008 à l’Osuaire de Douaumont, le Président SARKOZY fixe une orientation forte : « Le temps est venu d’honorer tous les morts du conflit sans exception ».Certains ont été fusillés pour « refus d’obéissance devant l’ennemi » ou « abandon de poste », d’autres se sont mutilés volontairement. Parmi les fusillés, il y avait aussi des « droits communs » et des « déserteurs » .Qui étaient ces soldats envoyés au peloton d’exécution pour délit de lâcheté ou pour mutinerie ? Quelle est leur histoire ?
Nous partageons l’espoir des familles de soldats fusillés, dont le deuil reste insupportable près de cent ans après la fin du conflit. Leur grand-père s’appelait Joseph DAUPHIN ou Jean-Julien CHAPELANT. Nous suivons leur combat pour une réhabilitation. Nous rencontrons ces familles dans le village natal de leur aïeul. Nous tentons, à travers les journaux de marche de leurs régiments et les lettres de poilus à leurs familles, de faire revivre le quotidien de ces fusillés. A l’aide de mots ou de dessins, les poilus racontent le froid, la boue, la fatigue physique et psychologique, les ordres contradictoires, l’horreur des combats… Autant d’éléments qui peuvent justifier la lassitude ou le renoncement.