Année de diffusion : 2015
Descriptif du documentaire :
Monsieur Piccoli. Comment faire le portrait d’un comédien hors norme qui, en soixante-dix ans de métier, a tourné dans deux cents films, sans jamais chercher à séduire mais « à impressionner » ? Contraint par le temps, Yves Jeuland (Les Gens du Monde ; Il est minuit, Paris s’éveille) picore dans sa carrière mais privilégie une diagonale (du fou) composée des trois visages de Piccoli dans ces années 1970, où son éclectisme en fit à la fois un acteur populaire et scandaleux.
Pour Claude Sautet, il fut le bourgeois mélancolique et volontiers colérique (Les Choses de la vie ; Vincent, François, Paul et les autres) ou le flic amer et manipulateur (Max et les ferrailleurs). Chez Luis Buñuel, il adora incarner à de multiples reprises les notables libidineux, ridicules ou cyniques. Buffalo Bill parisien dans Touche pas à la femme blanche, et surtout suicidaire pétomane dans La Grande Bouffe, il se permit tous les excès avec Marco Ferreri pour l’aider à donner la nausée à la société bien pensante.
Double du premier, mascotte du deuxième, et frère d’armes du dernier, Piccoli était plus qu’un interprète pour ces cinéastes : un alter ego. Au fil d’images d’archives particulièrement savoureuses (extraits de tournages ou interviews d’époque de Piccoli lui-même, toujours d’une rare intelligence teintée de morgue), cet homme allergique au surplace se dessine : aimable à force de ne pas s’abaisser à l’être, et prêt à tous les risques du moment que le jeu intellectuel et artistique en vaut la chandelle. Alors, même si le mystère reste entier derrière le masque du comédien sur la source de cette extravagante exigence, on finit réellement fasciné. — Guillemette Odicino, journaliste