Année de diffusion : 2017
Descriptif du documentaire :
Météorites – Enquête sur un phénomène rare. «Chaque année, plus de 20 000 tonnes de matière météoritique entrent dans l’atmosphère terrestre », indique d’emblée Matthieu Gounelle, professeur au Muséum national d’histoire naturelle et commissaire scientifique de l’exposition « Météorites, entre ciel et terre » (1). Mais la plupart sont de simples poussières interplanétaires dont les plus grosses sont à l’origine des « étoiles filantes », les autres météorites, estimées à 5 000 par an, pesant plus d’un kilo. Voilà bien une récolte naturelle dont nous n’avons pas vraiment conscience.
Les chutes de météorites réellement observées par des humains sont rares. Fin 2016, on en dénombrait 1 155 dans le monde contre plus de 55 000 trouvailles, c’est-à-dire des ramassages plus ou moins tardifs de météorites, surtout dans les déserts, arides ou glacés. Par convention, on nomme les météorites du nom du village ou du lieu-dit le plus proche de l’endroit où on les a trouvées (lire p. 20). Généralement une météorite se présente comme une roche très dense, recouverte d’une fine pellicule noire, la croûte de fusion, et d’un intérieur clair.
Historiquement, les météorites ont joué un grand rôle dans les représentations de l’homme. Considérées comme des manifestations divines ou des pierres magiques, elles font l’objet de cultes aussi bien chez les Grecs du Proche-Orient – la pierre noire d’émèse (Homs) installée dans le temple du Soleil – que chez les Aztèques, pour qui ce sont les excréments des dieux. Nommées « pierres de foudre » ou « de tonnerre », les météorites resteront mystérieuses jusqu’à ce que le physicien allemand Ernst Chladni n’en propose l’origine extraterrestre en 1794.
Un vif débat s’ensuivit et plusieurs chutes successives, dont celle de L’Aigle en France en 1803, finirent de convaincre la communauté scientifique. En outre, les météorites sont riches d’un fer métallique n’existant pratiquement pas sur Terre – les Égyptiens de l’époque de Toutankhamon comme les Indonésiens d’aujourd’hui utilisent le fer météoritique pour fabriquer des armes ou des bijoux « chargés de force céleste ».
Qui dit météorites ou astéroïdes dit cratères. Celui des Pingualuit au Nouveau-Québec, de Chicxulub au Mexique ou le Meteor Crater en Arizona sont autant de cratères d’impact gigantesque. Ce dernier, causé il y a 50 000 ans par un bolide de plus de 50 m de diamètre. Un millionième seulement de sa masse initiale ferreuse a été récupéré autour du cratère, le reste s’étant vaporisé lors de l’impact. Plus impressionnant encore, on estime à 150 km de diamètre le cratère de Chicxulub, malheureusement invisible aujourd’hui car masqué par la forêt tropicale et la mer.
Cette collision eut lieu il y a 66 millions d’années, entraînant une catastrophe écologique planétaire, en partie responsable (avec le volcanisme ambiant) de la disparition des dinosaures…
Dans ce contexte, est-il possible, pour un homme, de recevoir une météorite sur la tête ? En théorie, oui. Dans la pratique et statistiquement, pas vraiment. « Il n’existe aujourd’hui aucune preuve indiscutable qu’une météorite ait tué un être humain », précise Matthieu Gounelle. Le cas le plus célèbre d’une personne touchée est, en 1954 à Sylacauga en Alabama, celui d’une femme qui fut blessée à la hanche alors qu’elle faisait la sieste par une météorite de 4 kg qui traversa son toit !
En revanche, à Valera, au Venezuela, une pauvre vache eut moins de chance et fut tuée en 1972 par une météorite de 38 kg. De fait, « les gros bolides, tels que les astéroïdes ou les comètes – dont les orbites changent légèrement au cours du temps – sont suivis plusieurs années à l’avance afin d’éviter une collision avec notre planète », observe Sylvain Bouley, géologue à l’université Paris-Sud.