Année de diffusion : 2017
Descriptif du documentaire :
Les femmes SDF – Immersion dans le quotidien des femmes sans abris. Le nombre de personnes sans-domicile est en progression constante, avec presque un doublement entre 2001 et 2012, selon les statistiques de l’Insee et l’Ined. Et 38 % des sans-domicile adultes sont des femmes.
Dans un contexte où les acteurs de terrain, associatifs notamment, soulignent différentes évolutions des personnes à la rue (on parle de féminisation, de familialisation ou encore de rajeunissement de la population), il est intéressant de comprendre comment certaines représentations sur les sans-abri perdurent. Lorsque l’on pense aux personnes à la rue : la majeure partie des évocations sont celles d’hommes isolés, français, visibles dans l’espace public, consommant de l’alcool, entourés de sacs, délaissant le soin de leur corps.
En effet, les représentations associées aux sans-abri demeurent largement focalisées sur l’expérience des hommes. Cela se retrouve dans les recherches tout comme dans le discours des intervenants sociaux qui résistent à certains changements de profil de leurs bénéficiaires, parfois démunis face à des problèmes qu’ils n’ont pas anticipés.
Progressivement se profilent pourtant de nouvelles figures, celle des réfugiés d’abord mais aussi celle des femmes. Qui sont les femmes à la rue ?
Les femmes sans domicile sont plus nombreuses que l’on ne se le représente, mais elles bénéficient de conditions d’hébergement plus stables que les hommes. Notamment du fait des représentations et des normes sociales qui veulent que les femmes soient davantage associées au foyer et les hommes à la sphère publique.
Toujours selon les dernières données disponibles de l’Insee, parmi les sans-domicile 56 % sont nés à l’étranger. Cela s’explique du fait de la migration pour les primo arrivants et au-delà, du fait des difficultés à accéder à un logement sans papiers et des discriminations à l’accès au logement y compris lorsqu’un titre de séjour est délivré. Et les femmes, comme les familles, sont majoritaires parmi les sans-domicile nés à l’étranger.
La situation de Kadidjatou que j’ai rencontré dans un centre d’hébergement francilien à destination de femmes sortant de maternité témoigne bien de ces enjeux. Elle m’explique que c’est sa régularisation qui lui a permis aujourd’hui d’intégrer une formation pour envisager accéder à un emploi et à un logement personnel avec son fils de 14 mois. Avant cela elle était coincée, et circulait entre les solutions d’appoint, la rue et les centres d’urgence.
C’est en tant que famille qu’elle a pu accéder à cette structure, or la situation change lorsque les enfants deviennent ou sont majeurs : ils ne peuvent bénéficier d’hébergement en tant que famille. C’est ce qu’a vécu Anne-Claire avec son fils, lorsqu’elle s’est faite expulsée de son logement. Ne souhaitant être séparée de son fils, elle a alors choisi de dormir dans des parkings, des cages d’escalier, une tente.
Elle m’a raconté son histoire au moment où elle avait finalement trouvé un logement insalubre où vivre avec son fils. Malgré son travail d’intérimaire, elle continuait à faire la manche, à demander aux commerçants des denrées périmées pour survivre. La débrouille acquise à la rue constitue encore pour elle une ressource, le logement n’ayant pas permis de répondre à l’ensemble de ses difficultés matérielles.