Année de diffusion : 2013
Descriptif du documentaire :
Le mythe de l’Eldorado. Son nom devenu synonyme d’un pays chimérique où l’on trouve des richesses à foison. Avant même l’apparition du mot eldorado, les conquérants du Nouveau Monde en rêvaient. Malgré le style assez kitsch de ses reconstitutions avec des acteurs déguisés en Indiens ou en conquistadors, le documentaire de Karl Jason analyse avec finesse, experts à l’appui, le malentendu terrible à l’origine du mythe de l’eldorado, une contrée d’Amérique du Sud regorgeant d’or.
Partis à la recherche de trésors, les Espagnols s’engagent dans les terres de ce qui deviendra la Colombie en suivant un fleuve, la Magdalena. En s’enfonçant dans les montagnes, ils rencontrent les Muiscas (ou Chibchas) qui semblent posséder de l’or en abondance. On en trouve même dans les maisons les plus humbles.
Ces Indiens vont jusqu’à en donner aux conquistadors afin qu’ils quittent leurs terres. Mais c’est l’inverse qui se produit : les Espagnols restent pour découvrir d’où vient ce métal précieux visiblement présent en de telles quantités qu’on ne lui accorde qu’une faible valeur. Plus fou encore à leurs yeux, leur chef, le corps enduit de poussière d’or (d’où le mot el Dorado, « le Doré »), se rend sur le lac de Guatavita à bord d’un radeau chargé d’or et d’émeraudes qu’il jette dans les eaux.
Une étonnante statuette conservée au musée de l’Or de Bogotá rend compte de ce rituel. Elle représente un homme debout sur une embarcation en compagnie de personnages plus petits. D’une facture complexe, elle aurait été réalisée entre le XIIe et le XVe siècle, avec un or ne provenant pas de la région des Muiscas.
Les Espagnols, convaincus que le métal se trouvait à profusion sur le territoire des Indiens, ont mené trois expéditions entre 1530 et 1540, tout raflé, massacré les chefs qui ne fournissaient pas les quantités demandées. En 1572, rendus à l’évidence que la région ne possédait pas de mine d’or importante, ils ont voulu vider le lac de Guatavita et ont dévasté le site. Ils n’ont pas compris que, dans la société des Muiscas, le sel, extrait de l’eau de mer, était la monnaie, et l’or, dépourvu de valeur commerciale, était réservé aux cérémonies religieuses.