Dans la faible lumière au gaz du Bradford victorien, un héritage familial singulier commença à se former – un héritage qui mènerait finalement Albert Pierrepoint à devenir le bourreau le plus célèbre de Grande-Bretagne. Né le 30 mars 1905 à Clayton, Bradford, au 5 Manningham Lane, Albert était destiné à suivre les traces de son père, Henry Pierrepoint, et de son oncle, Thomas Pierrepoint, qui s’étaient déjà établis dans la sombre profession d’exécuteur judiciaire. Le lien de la famille avec la peine capitale remontait à 1901, lorsque Henry assista à sa première exécution à la prison de Newgate, réalisée par James Billington, l’homme qui deviendrait plus tard son mentor.
Henry Pierrepoint exerça en tant que bourreau de 1901 jusqu’à son renvoi en 1910 en raison de ses problèmes d’alcool, période durant laquelle il réalisa cent cinq exécutions. Son cas le plus notable fut l’exécution de Sir Roger Casement en 1916 à la prison de Pentonville pour haute trahison. Le jeune Albert retrouvait souvent le journal de son père caché derrière une brique descellée dans la cheminée de leur modeste maison, où il documentait minutieusement les exécutions qu’il avait effectuées. Ces récits détaillés, écrits de la main ferme d’Henry, marquèrent profondément l’esprit du jeune Albert. Dans une entrée particulièrement poignante de 1905, Henry avait écrit : « La peine suprême de la loi doit être exécutée aussi parfaitement que le pouvoir humain le permet. » Une autre entrée de 1908 révélait la désillusion grandissante de son père : « Chaque homme doit mourir seul. J’en suis venu à croire que ces exécutions sont une erreur. »
La situation financière de la famille Pierrepoint était pour le moins précaire. Ils vivaient au 77 Marlborough Road, une petite maison mitoyenne du quartier industriel de Bradford, où l’air était épais de fumée d’usine et où les rues résonnaient du bruit des machines des Manningham Mills, la plus grande fabrique de soie d’Europe à l’époque. La mère d’Albert, Mary, travaillait sans relâche comme blanchisseuse pour compléter les revenus de la famille après le renvoi de Henry. Elle lavait le linge des ouvriers des usines locales, ne gagnant que quelques sous par pièce. Ces difficultés économiques poussèrent plus tard Albert à rechercher un emploi stable, le rôle de bourreau offrant à la fois une sécurité financière et un sentiment de devoir accompli. La famille déménagea fréquemment durant l’enfance d’Albert, vivant à au moins cinq adresses différentes à Bradford entre 1905 et 1920.
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